Mammifères

Les espèces présentes dans les pays d’Afrique Centrale sont regroupées par famille et renvoient à la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature™ (UICN), (en anglais IUCN Red List). Cette liste, créée en 1963, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Les espèces y sont qualifiées par leur niveau de vulnérabilité.

Biogéographie des mammifères

En tenant compte de l’ensemble des espèces, on peut reconnaître en Afrique centrale forestière trois régions biogéographiques qui se subdivisent à leur tour en régions faunistiques (Colyn 1987, 1999 ; Grubb, 2001).

Régions faunistique de l’Afrique centrale

La région biogéographique côtière atlantique (1)

Elle s'étend tout au long du golfe de Guinée et englobe l'île de Bioko. Sa limite orientale correspond à peu près à la frontière est du Gabon. Elle possède de nombreuses espèces endémiques, notamment : le colobe satan Colobus satanas, le mandrill Mandrillus sphinx, le miopithèque de l'Ogooué Miopithecus ogoouensis, le galago d'Allen Galago alleni, l'écureuil nain Myosciurus pumilio, l'écureuil du Biafra Epixerus wilsoni

Cette région comprend trois régions faunistiques, qui correspondent à d'anciens refuges:

  • La région faunistique du Ouest-Cameroun couvre l'interfluve Sanaga-Cross (1a). En fait d'espèces endémiques, elle possède notamment : le drill Mandrillus leucophaeus, le cercopithèque de Preuss Cercopithecus preussi, le moustac à oreilles rousses Cercopithecus erythrotis et le potto de Calabar Arctocebus calabarensis.
  • La région faunistique du Rio Muni (Grubb, 2001) correspond à l'interfluve Sanaga-Ogooué (1b). Elle possède notamment le rongeur Prionomys batesi.
  • La région faunistique Sud-Ogooué (1c) possède notamment le singe à queue de soleil Cercopithecus solatus, le funisciure de Bocage Funisciurus bayoni et le Funisciure du Chaillu F. duchailui.

La région biogéographique congolaise(2)

Elle s'étend sur le bassin du Congo proprement dit. En fait d'espèces endémiques, elle comprend notamment le singe des marais Allenopithecus nigroviridis.

Elle se subdivise en trois régions faunistiques :

  • La région Ouest-Congo correspond à l'interfluve Sangha-Oubangui (2a). Elle a été décrite récemment par Colyn (1999). Elle possède beaucoup d'espèces en commun avec la région côtière atlantique, mais aussi plusieurs sous-espèces endémiques, notamment la forme ngottoensis du moustac Cercopithecus cephus.
  • La région Est-Congo s'étend à l'est et au nord-est du fleuve Congo (2b). Elle est limitée par la rivière Itimbiri à l'ouest. En fait d'espèces endémiques, elle possède notamment la genette géante Genetta victoriae et la civette aquatique Genetta piscivora. Elle se subdivise en deux zones : la zone de l'Ituri et celle du Kivu-Maniema, qui se distinguent surtout par la présence sous-espèces différentes.
  • La région Sud-Congo s'étend au sud du fleuve Congo (2c). Elle possède en fait d'espèces endémiques, notamment, le bonobo Pan paniscus et la mangue d'Ansorge Crossarchus ansorgei. Elle se subdivise à son tour en trois zones : la zone Lomami-Lualaba, la zone centrale Lomami-Congo-Kasai et la zone située au sud du Kasai. Celles-ci se distinguent principalement par la présence de sous-espèces différentes, voir endémiques.

La région afro-montagnarde(3)

Elle se subdivise en deux régions faunistiques:

  • La région du rift Albertin (3a) avec les formes endémiques suivantes : le potamogale du Ruwenzori Micropotamogale ruwenzorii, la musaraigne Ruwenzorisorex suncoides, le funisciure de montagne Funisciurus carruthersi, l'écureuil des bois de Böhm Paraxerus boehmi, l'héliosciure du Ruwenzori Heliosciurus ruwenzori et la forme rubidus du céphalophe à front noir Cephalophus nigrifrons ;
  • La région du Cameroun occidental (3b) qui se compose de deux secteurs (Cameroun occidental et Mont Cameriun/Bioko) avec les formes endémiques suivantes : le rongeur Lamottemys okuensis, l'écureuil des bois de Cooper Paraxerus cooperi et la musaraigne Crocidura eisentrauti.

Les forêts situées entre les différentes régions faunistiques sont des zones d'hybridisation qui ne possèdent pas de formes endémiques.

Les îles océaniques de São Tomé, Principe et Annobon

Elles constituent une région biogéographique indépendante. Les seuls mammifères non introduits sont des chauves-souris (Chiroptera). Six espèces ont été recensées, dont un Pteropodidae endémique : le Myonyctère de São Tomé Myonycteris brachycephala.

Richesse et endémisme des Mammifères

Les mammifères sont très inégalement distribués en Afrique centrale et la richesse en espèces varie beaucoup d'une région à l'autre. Seule la distribution de certaines moyennes et grandes espèces est cependant suffisamment bien connue pour permettre une analyse des schémas de distribution. Dans l’ensemble il existe une profonde dichotomie entre les faunes forestières et les faunes non forestières.

En ce qui concerne les forêts, les plus riches avec 75 à 76 espèces, sont celles de l'interfluve Sanaga-Ogooué de la zone côtière atlantique et les forêts de transition situées immédiatement à l'est, entre la zone côtière atlantique et l'interfluve Sangha-Oubangui. Viennent ensuite la zone faunistique située au sud de l'Ogooué, celle de la Sangha-Oubangui, et celle du nord-est du bassin du Congo (71 à 73 espèces). La zone la plus pauvre est formée par les forêts riveraines qui s'étendent au sud du Kasai. Les régions occidentales sont surtout riches en Primates, Anomaluridés et Sciuridés; la région nord-est, en Carnivores et Cétartiodactyles terrestres (voir contextes suivants).

Les primates

En tout, 56 espèces de Primates diurnes et nocturnes sont connues des 10 pays d’Afrique centrale : 3 Lorisidae, 12 Galagidae, 37 Cercopithecidae et 4 Hominidae non humains. Parmi celles-ci, 48 espèces vivent en forêt, soit 86%.

Les espèces de savane ont toutes une vaste distribution, mais les espèces forestières sont plus localisées et sont principalement « cloisonnées » par les cours d'eau qui agissent comme des barrières biogéographiques. Les principales limites de distribution au niveau spécifique sont ainsi constituées par la Sanaga, l'Ogooué, la Sangha, l'Oubangui, le fleuve Congo, l'Itimbiri, la Lomami et le Kasai (Colyn, 1987 et 1999).

Les forêts les plus riches sont celles de la région côtière atlantique, de l'interfluve Sangha-Oubangui et de la zone de transition située entre ces deux régions. Les forêts de l'Ituri, du Kivu et du rift Albertin forment un second noyaux, cependant un peu moins riche. Les forêts les plus pauvres, sont celles de l'interfluve Lualaba-Lomami.

Les espèces à distribution restreinte sont surtout des primates nocturnes:

  • le Potto de Calabar Arctocebus calabarensi et le Galago mignon du nord Euoticus elegantulus sont limités à l'interfluve Cross-Sanaga;
  • les galagos du genre Sciurocheirus, le Potto doré Arctocebus aureus et le Galago mignon du sud Euoticus elegantulus sont limités aux forêts situées entre la Sanaga et le Congo-Oubangui ;
  • le Galago mignon sombre Galago matschiei est limité au rift Albertin;

Parmi les Cercopithecidae:

  • le Moustac à oreilles rousses Cercopithecus erythrotis, le Cercopithèque de Preuss Cercopithecus preussi et le Drill Mandrillus leucophaeus sont aussi limités à l'interfluve Cross-Sanaga (le dernier a cependant une population sur Bioko);
  • le singe à queue de soleil Cercopithecus solatus, le miopithèque de l'Ogooué Miopithecus ogoouensis, le Cercocèbe à collier Cercocebus torquatus, le mandrill Mandrillus sphinx et le Colobe satan Colobus satanas sont limités à la région côtière atlantique (le dernier habite cependant aussi Bioko) ;
  • le Cercopithèque salongo Cercopithecus dryas est limité au centre de la cuvette congolaise;
  • le Cercopithèque de l'Hoest Cercopithecus lhoesti et le Cercopithèque à tête de hibou Cercopithecus hamlyni sont limités à l'est du bassin du Congo et au rift Albertin;

Quant aux Hominidés:

  • le Gorille de l’ouest Gorilla gorilla et le Chimpanzé Pan troglodytes sont limité aux forêts situées au nord du fleuve Congo;
  • le gorille de l’est Gorilla beringei est limité aux abords du rift Albertin ;
  • le Bonobo Pan paniscus à celles situées au sud du fleuve.

Les Cétartiodactyles

En laissant de côté les familles marines, 48 espèces sont connues des 10 pays d’Afrique centrale : 2 Girafidé, 1 Hippopotamidé, 1 Tragulidé, 4 Suidés et 40 Bovidés. Parmi celles-ci, 30 (62%) habitent les milieux non forestiers, 16 (33%) les milieux forestiers et 2 seulement habitent indifféremment les deux types d’habitats.

Les espèces des milieux non forestiers ont généralement une large distribution, sauf celles qui sont liées à des habitats très particuliers, tels que les habitats montagnards.

Les espèces de forêt ont également une assez large distribution. Aussi, le nombre d'espèces présent n'est pas très différent d’une région à l’autre. Les forêts situées au nord-est du fleuve Congo sont toutefois les plus riches. Celles de l'interfluve Sanaga-Ogooué, de l'interfluve Sangha-Oubangui et de la zone de transition entre ces deux régions sont un peu moins riches. La zone la moins riche est formée par les extensions forestières au sud du Kasai. Le céphalophe d’Ogilby Cephalophus ogilbyi n’est connu que de Basse Guinée, tandis que 3 espèces ont une large distribution au nord du fleuve Congo, mais sont absentes au sud du fleuve : l'Hylochère Hylochoerus meinertzahageni, l'antilope de Bates Neotragus batesi et le Céphalophe à ventre blanc Cephalophus leucogaster.

Les carnivores

En tout, 41 espèces de Carnivores terrestres sont connues d'Afrique centrale : 7 Félidés, 10 Viverridae, 1 Nandiniidae, 12 Herpestidés, 1 Hyaenidae, 4 Canidae et 6 Mustélidés. Parmi celles-ci, 15 vivent exclusivement en forêt, 20 exclusivement dans les milieux ouverts et 6 indifféremment dans les deux types de milieux. La plupart des espèces, tant en savane qu’en forêt, ont une large, voire très large, distribution et la richesse en espèces ne diffère pas beaucoup d'une région à l'autre.

En ce qui concerne les forêts:

  • celles situées au nord-est du fleuve Congo sont les plus riches avec 3 espèces endémiques : la Mangue d'Alexandre Crossarchus alexandri, la Genette géante Genetta victoriae et la Civette aquatique Genetta piscivora ;
  • celles situées à l'ouest de l'Oubangui sont un peu moins riches, mais comptent 2 espèces endémiques : la Mangue brune Crossarchus obscurus et la Mangue à crâne plat Crossarchus platycephalus ;
  • La mangouste à pattes noires Bdeogale nigripes et la Mangouste à long museau Herpestes naso ont une large distribution d'est en ouest, mais sont absentes au sud du fleuve Congo, tandis que la Mangue d'Ansorge Crossarchus ansorgei n'existe qu'au sud du fleuve Congo.
  • La zone la moins riche est celle du rift Albertin.