La faune mammalienne et sa distribution par pays

La faune mammalienne des 10 pays d’Afrique centrale compte 552 espèces (Tableau 2). Les ordres les plus importants par le nombre d’espèces sont, en ordre décroissant, les Rodentia (rongeurs), les Chiroptera (chauves-souris), les Soricomorpha (musaraignes), les Primates (singes, galagos, pottos), les Cetartiodactyla (hippopotames, baleines, dauphins, suidés, girafes, bovidés) et les Carnivora (chats, panthères, mangoustes, chacals…). A eux seuls, ces six ordres comptent 525 espèces, soit 95% du nombre total d’espèces.

Tableau 2 : Le nombre d’espèces de mammifères par ordre et par pays

Si l’on compare les données par pays aux superficies respectives des pays, exprimées de manière logarithmique (Figure 1), on aperçoit que les trois pays dont les faunes sont, toutes proportions gardées, les plus riches sont le Rwanda, le Cameroun et la RDC. Ces trois pays se distinguent par la grande diversité d’habitats et la présence à la fois de milieux forestiers et non forestiers. Le Tchad possède au contraire une faune relativement pauvre, ce qui doit être mis en rapport avec l’absence de milieux forestiers, la relative uniformité des habitats et la pauvreté des milieux arides et subdésertiques. Ces milieux abritent en effet une faune très spécialisée, mais pauvre en espèces.

Ces données sont toutefois fortement influencées par les efforts de collecte. Ainsi la plus grande richesse du Gabon en Soricidae et en Chiroptera par rapport à la République du Congo est probablement très largement le résultat de collectes plus approfondies.

Figure 1 : Distribution du nombre d’espèces par pays en fonction de la superficie respective des pays avec courbe linéaire de tendance (cette superficie est exprimée de manière logarithmique, car il existe généralement une bonne corrélation linéaire entre le nombre d’espèces et le logarithme de la superficie).

Etat des connaissances

Les espèces de grande et moyenne taille sont assez bien connues, mais il faut quand même noter que le cercopithèque à queue de soleil Cercopithecus solatus n’a été décrit qu’en 1984, que le Cercopithèque salongo C. dryas n’est toujours connu que de deux spécimens et que le faux-potto Pseusopotto martini n’est connu que d’un squelette et d’un crâne dont l’origine camerounaise reste à confirmer. Dans l’ensemble, on peut toutefois admettre que tant les espèces que leur distribution sont assez bien connues.

Pour les petites espèces, surtout les petits rongeurs, les musaraignes et les chauves-souris, la situation est très différente :

• plusieurs ne sont toujours connues que d’un seul exemplaire ou de quelques exemplaires collectés en une même localité ;
• les limites entre certaines espèces sont encore mal définies et il est difficile de décider si certaines formes doivent être considérées comme des espèces séparées ou des sous-espèces ;
• l’appartenance spécifique de certaines populations reste problématique ;
• l’écologie et le comportement de ces espèces reste largement inconnu.

Il est donc à peu près certain que d’autres espèces restent à découvrir et que la distribution des espèces décrites est encore très mal connue.