Oiseaux

Les espèces présentes dans les pays d’Afrique Centrale sont regroupées par famille et renvoient à la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature™ (UICN), (en anglais IUCN Red List). Cette liste, créée en 1963, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Les espèces y sont qualifiées par leur niveau de vulnérabilité.

Taxinomie et phylogénie

Bien que les oiseaux soient probablement le groupe d'animaux le mieux connu au monde et que très peu d'espèces restent à découvrir, les avancées des derniers 20 ans dans le domaine de la génétique ont profondément bouleversé notre vision sur leur phylogénie. Depuis les premières grandes révisions de Sibley et Alquist (1990) et de Sibley et Monroe (1990), très controversées à l'époque de leur parution, d'innombrables publications ont contribué à la mise en place d'une nouvelle vision sur la classification des oiseaux.

Comme pour les mammifères (voir rubrique ad hoc), la position phylogénique des ordres et des familles a été profondément changée, mais de plus de profonds bouleversements sont apparus à l'intérieur des familles. Ainsi, il est apparu que certaines familles n'existent pas, que certaines espèces ou certains groupes d'espèces appartiennent à des familles jusque là insoupçonnées et que certaines espèces n'appartiennent ni à la famille ni même au genre auxquels elles avaient été attribuées classiquement. Ainsi nous savons depuis plus de 15 ans que les fauvettes de l'Ancien monde, les « Sylviidae », ne constituent pas une famille mono¬phylétique et que les espèces du genre Sylvia sont en réalité plus proches des Timaliidae que de toutes les autres espèces placées dans cette famille.

Malgré tout, la classification des oiseaux en vigueur dans les principaux ouvrages généraux et guides de terrain reste très conservative, alors que pour d'autres groupes d'animaux, les classifications utilisées sont adaptées progressivement à l'évolution des connaissances. Cette situation provient certainement de plusieurs facteurs, mais notamment du fait qu'au cours des travaux récents de recherche on s'est aperçu qu'il ne suffit pas de choisir une espèce par genre pour pouvoir tirer des conclusions générales ; il faut au contraire étudier chaque espèce indépendamment, car il s'est avéré que beaucoup de genres ne sont pas monophylétiques et représentent donc des constructions artificielles.

Le travail nécessaire pour reclasser toutes les espèces, ne fut ce que les espèces africaines, est donc considérable.

Pourtant, ces modifications n'ont pas qu'un intérêt académique.

  • D'une part, elles illustrent à quel point l'évolution des oiseaux a été marquée à tous les niveaux par des phénomènes de convergence qui masquent les véritables relations phylogéniques entre espèces. A titre d'exemple, des oiseaux du type « gobemouche » sont apparus au moins cinq ou six fois dans des lignées évolutives totalement indépendantes.
  • D'autre part, elles permettent une meilleure compréhension de l'évolution des oiseaux en général, dont l'origine est finalement beaucoup plus ancienne qu'on ne le pensait jusqu'il y à peu, et surtout de la manière dont les différents ordres et familles se sont individualisés en fonction de la dérive des continents et des variations climatiques à long terme. Dans ce cadre, elles montrent notamment que l'Afrique a joué un rôle fondamental dans l'évolution et la différenciation de certains passériformes, plus particulièrement dans la différenciation de la lignée des Passerida (e.a. Beresford et al., 2005 ). Ainsi il est apparu que les « fauvettes » des genres Apalis, Cisticola, Prinia (et autres genres apparentés) constituent une famille à part entière qui s'est individualisée en Afrique et représente aujourd'hui encore une part significative des espèces de passereaux, tant en forêt qu'en savane.
  • Enfin, dans l'optique de la théorie des refuges, les nouvelles connaissances sur la génétique des espèces mettent aussi en évidence que la plupart des d'espèces actuelles sont apparues il y a plus de 2-3 millions d'années et sont donc bien antérieures aux variations du climat, survenue à la fin du Pléistocène, surtout depuis 800.000 ans.

Bien que beaucoup d'ornithologistes soient encore réticents à adapter cette nouvelle vision, qui dérange les habitudes bien ancrées et ne facilite pas l'usage des guides terrain, ces considérations nous ont quand même poussé à adapter la liste des espèces présentée ici aux connaissances actuelles, tout en sachant qu'il reste beaucoup de travail à faire et que des changements interviendront encore dans les prochaines années. Un certain nombre d'espèces des forêts d'Afrique centrale n'ont par exemple pas encore pu être étudiées et restent difficiles à classer.

Parmi les nombreuses innovations, nous ne citons ici que les plus surprenantes:

  • Le réaménagement de la séquence des oiseaux non passereaux en fonction de leur nouvelle relation phylogénique, avec le placement des Anseriformes (Anatidae) et Galliformes (Phasianidae, Numididae) en tête de liste, juste après les Struthioniformes, du fait que ces deux ordres sont maintenant considérés comme une lignée sœur de tous les autres oiseaux regroupés dans la lignée des Neoaves (Cracraft et al., 2004 ; Garcia-Moreno et al., 2003 ; Edwards et al., 2005);
  • Les outardes (Otididae) ne font plus partie des Gruiformes et forment un groupe à part (Hacket et al., 2008) que nous appelons ici provisoirement «Otidiformes»;
  • Les hémipodes (Turnicidae) ont été placées dans les Charadriiformes (Hacket et al., 2008);
  • Les râles du genre Sarothrura ont été élevés au rang de famille (Sarothruridae) du fait qu'ils sont plus proches du grébifoulque (Heliornithidae) que des râles et marouettes (Rallidae) dont ils faisaient partie classiquement;
  • Seuls les cigognes (Ciconiidae) restent dans les Ciconiiformes ; les hérons (Ardeidae), le bec-en-sabot (Balaenicipitidae), l'ombrette (Scopidae) et les ibis (Threskiornithidae) ont rejoint les Pelecaniformes (Hacket et al., 2008);
  • Les phaétons (Phaetontidae) forment maintenant un groupe à part, hors des Pelecaniformes (Kennedy & Spencer, 2004), que nous appelons provisoirement «Phaetontiformes»;
  • Les Falconiformes au sens classique ont été séparés en deux ordres : (1) les Accipitriformes, regroupant les Accipitridae, les Sagitariidae et les Pandionidae, et (2) les Falconiformes comprenant uniquement les Falconidae;
  • Les calaos (Bucerotidae) et bucorves (Bucorvidae) forment un ordre à part, les Bucerotiformes, indépendants des Coraciiformes (Erickson et al., 2006 ; Hacket et al., 2008);
  • La famille des fauvettes de l'ancien monde (Sylviidae) a été scindée en six familles (Cisticolidae, Phylloscopidae, Cettiidae, Megaluridae, Acrocephalidae, Macrosphenidae) qui sont regroupées dans la super-famille des Sylvioidea avec les Stenostiridae, Paridae, Remizidae, Alaudidae, Nicatoridae, Pycnonotidae, Hirundinidae et Timaliidae (Alström et al., 2006 ; Barker et al., 2004 ; Beresford et al., 2005 ; Ericson & Johansson, 2003);
  • Les hyliotes ou Hyliotidae constituent une famille à part qui ne fait pas partie de la super-famille des Sylvioidea (Fuchs et al., 2006);

Un développement complet de ces nouvelles hypothèses phylogéniques peut être accédé sur le site Tree of Life (http://www.tolweb.org/Neornithes/15834)