Oiseaux

Les espèces présentes dans les pays d’Afrique Centrale sont regroupées par famille et renvoient à la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature™ (UICN), (en anglais IUCN Red List). Cette liste, créée en 1963, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Les espèces y sont qualifiées par leur niveau de vulnérabilité.

Menaces directes

La chasse

Dans certains pays (Rwanda, Burundi), la chasse au fusil est pratiquement inexistante et les grandes espèces d'oiseaux se maintiennent sans problèmes, même dans des milieux parfois fortement perturbés. Dans la majeure partie de l'Afrique centrale, la chasse au fusil est cependant très présente et certaines espèces subissent de fortes pressions. En forêts, ce sont principalement les grands rapaces (Accipitridae), les calaos (Bucerotidae), les touracos (Musophagidae) et les pigeons (Columbidae). En savane, ce sont surtout les rapaces (Accipitridae), les pintades (Numididae), les francolins (Phasianidés) et les outardes (Otididae). Au fur et à mesure que disparaissent ou se réduisent les populations de mammifères, la pression sur les oiseaux augmente et, au fur et à mesure que disparaissent les grandes espèces, la pression cynégétique se déplace vers des espèces de plus en plus petites. Cette situation a pour effet que beaucoup d' oiseaux sont devenus rares en beaucoup de régions, surtout autour des centres urbains, et que certaines espèces sont en danger. Dans certaines régions, la chasse aux oiseaux touche pratiquement toutes les espèces, sans discrimi¬nation. Dans ces régions, tous les oiseaux sont devenus rares et les « survivant » extrêmement farouches.

La destruction et la dégradation des habitats

En plus de la chasse, la destruction et la dégradation des habitats constituent les menaces les plus importantes. Elles mettent en danger des espèces à distribution réduite ou écologiquement très spécialisées, notamment beaucoup d'espèces des forêts de montagne. Dans cette optique, les plus menacées sont les espèces endémiques du Cameroun occidental et des îles océaniques du golfe de Guinée, mais les oiseaux inféodés aux vieilles forêts, dites « primaires », sont eux aussi très sensibles à la perturbation de leur habitat et souffrent donc de l'exploitation industrielle, même si celle-ci est très sélective et menée de manière durable. Dans le cas particulier de l'exploitation industrielle du bois, la dégradation des milieux et la chasse se cumulent donc souvent du fait que l'exploitation ouvre les massifs forestiers et les rend accessibles aux chasseurs.

L'exportation d'animaux vivants

Certaines espèces sont victimes d'une chasse commerciale pour la mise en captivité et l'exportation. En forêt, c'est le cas principalement du perroquet jaco Psittacus erithacus qui, de ce fait, a dû être placé en annexe II de la CITES, comme beaucoup d'autres Psittacidae. Dans certaines régions de savanes, ce sont des passereaux granivores, surtout des Estrildidae et certains Ploceidae, qui font l'objet d'un commerce à grande échelle. En quelques endroits, les grandes outardes ont aussi fait l'objet d'un commerce d'exportation vers les pays de la péninsule Arabique.

L'empoisonnement

Dans certaines régions, notamment dans l'est du Rwanda et au Burundi, les grands rapaces et les vautours ont été éliminés ou presque éliminés à partir de la fin des années 1980 suite à des campagnes d'empoisonnement visant les lions et les hyènes.

Le dérangement

Les oiseaux aquatiques, principalement ceux qui nichent en colonie sur des arbres (Ardeidae, Ciconiidae, Threskiornitidae, Pelecanidae, Phalacrocoracidae et Anhingidae) et ceux qui nichent en saison sèche sur des bancs de sable des grands cours d'eau (Laridae et Glareolidae) sont victimes de la perturbation constante de leurs lieux de nidification. Même s'il arrive que leurs pontes ou leurs poussins ne soient pas systématiquement collectés, les dérangements de plus en plus fréquents les empêchent même tout simplement de débuter la nidification. A titre d'exemple : les oiseaux aquatiques du delta de la Rusizi, sur la frontière entre le Burundi et la RDC, n'ont pu mené à bien leur nidification que deux fois en vingt ans ; c'était lorsque l'armée burundaise avait empêché tout pénétration du delta à l'occasion d'une épidémie de choléra.

Mesures de conservation

Les lois protégeant certaines espèces

Comme pour les mammifères, il existe dans plusieurs pays des lois qui protègent partiellement ou totalement certaines espèces d’oiseaux, mais celles-ci sont très rarement respectées.

Les aires protégées

Les parcs nationaux qui constituent le principal axe stratégique de la conservation en Afrique subsaharienne, protègent une partie important des espèces a travers de la protection de leurs milieux. Ce type d’aire protégée est toutefois en grande partie axée sur la conservation des grands mammifères, surtout des espèces charismatiques. Beaucoup coïncident avec des Zones importantes pour la conservation des oiseaux (voir ci-après). Mais certaines sites très importants pour la conservation des oiseaux ne sont pas inclus dans des aires protégées ; ce sont notamment beaucoup de colonies de nidification d’oiseaux aquatiques, qui sont de ce fait très vulnérables. Les moins protégés sont ainsi les oiseaux qui nichent sur les bancs de sables des grands cours d’eau, des deltas ou des estuaires. A titre d’exemple : la sterne pierregarin Sterna hirundo, qui nichait jadis de la Mauritanie au Congo, ne niche pratiquement plus que dans le delta intérieur de l’Ogooué au Gabon et le bec-en-ciseaux d’Afrique Rynchops flavirostris accuse un net recul de ses populations.

Les Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO)

Afin de tenter de rationaliser la conservation des oiseaux et d'établir des priorités parmi les nombreux sites proposés, BirdLife International a identifié les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Ce sont des zones d'importance internationale pour la conservation des oiseaux. Elles constituent des outils pratiques de conservation, reconnus mondialement, et sont définies suivant des critères standardisés, appliqués avec bon sens. Elles doivent pouvoir être protégées et délimitées, si possible. Elles doivent être vues dans le contexte d'une approche plus large et intégrée de la conservation impliquant les sites, les habitats et les populations humaines.

Une grande partie des ZICO coïncide avec des aires protégées, mais beaucoup, notamment parmi les plus importants, ne bénéficient d’aucune protection légale. Cela provient en partie du fait que les aires protégées sont choisies et délimitées en fonction de la présence de grands mammifères charismatiques (voir plus haut).