Papillons

Les espèces présentes dans les pays d’Afrique Centrale sont regroupées par famille et renvoient à la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature™ (UICN), (en anglais IUCN Red List). Cette liste, créée en 1963, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Les espèces y sont qualifiées par leur niveau de vulnérabilité.

Menaces directes

La destruction et la dégradation des habitats

La destruction et la dégradation des habitats constituent les menaces les plus importantes. Elles mettent en danger des espèces à distribution réduite ou écologiquement très spécialisées. Les milieux en Afrique centrale sont globalement moins menacés en comparaison avec ceux d’Afrique de l’Ouest, surtout en ce qui concerne la forêt. Cependant, de nombreuses espèces de papillons ont des habitats très particuliers et ces derniers pourraient être menacés à moyen terme :

  • De nombreux Lycaenidae sont inféodés aux lichens des vieux troncs d’arbre. L’exploitation forestière, sélectionnant ces vieux troncs pourrait avoir un impact considérable sur ces espèces, bien que cela n’ait pas encore été prouvé.
  • De même, les Limenitidinae, dont un très grand nombre d’espèces est inféodé au sous-bois des forêts primaires, pourraient être menacé par les modifications engendrées par l’exploitation forestière.

Cependant, les papillons peuvent survivre sur des superficies beaucoup plus réduites que d’autres groupes taxinomiques tels que les mammifères. Ceci est observable sur le Mont Fébé à Yaoundé au Cameroun ou dans la Zika Forest Reserve en Ouganda. Ces deux localités conservent quelques boqueteaux de forêt où l’ont peut rencontrer un nombre impressionnant d’espèces (Libert, 1994).

Les espèces les plus menacées d’Afrique centrale sont celles habitant les forêts de montagne, plus particulièrement les forêts du rift Albertin. Les massif de l’Itombwe et du Kivu souffrent d’un manque quasi-total de conservation, essentiellement dû à la situation de guerre de la région. La forêt de Nyungwe au Rwanda est aujourd’hui devenue un parc national et est protégée. Ce n’est malheu¬reusement pas le cas du parc national de la Kibira au Burundi qui a vu sa superficie très réduite lors des années de guerre.

L’exportation d’animaux vivants

Le commerce d’insectes et l’exportation de papillons semble n’avoir aucun impact sur la faune africaine, même si aucune étude n’a été conduite sur ce sujet. De plus, le nombre de spécimens prélevés sur la faune est toutes proportions gardées extrêmement faible et certainement beaucoup plus faible que le nombre d’insectes tués sur les routes par les voitures.

Mesures de conservation

Les lois protégeant certaines espèces

Aucune espèce de papillons d’Afrique ne fait partie de la liste CITES et aucune espèce ne figure sur des listes nationales d’espèces protégées. Aucune espèce d’Afrique centrale ne peut d’ailleurs être considérée comme réellement en danger, à l’exception peut être de quelques espèces endémiques du rift Albertin ou des montagnes du Cameroun occidental. Pour ces dernières, seul un réseau efficace d’aires protégées peut aider à la sauvegarde.

Les papillons comme indicateurs

Les papillons sont les mieux connus des arthropodes et diverses études essaient de démontrer leur utilité à des fins indicatrices pour les milieux terrestres.

Les papillons diurnes sont souvent très attractifs et relativement faciles à étudier. Ils sont visibles, assez facilement capturés, faciles à conserver et volent presque toute l’année. Dans la plupart des régions tropicales, il existe plusieurs centaines, voire milliers d’espèces, habitant tous les milieux terrestres. Ils sont sensibles, tant à la présence des plantes nourricières de leurs chenilles qu’à la structure des milieux. Et, contrairement à beaucoup de vertébrés, ils ne subissent pas de pression de chasse.

Cette relative abondance et facilité d’étude, place potentiellement les papillons comme de bons indicateurs biologiques. Cela a été prouvé en Ouganda où, dans les années 1990, la Commission européenne a financé une évaluation de la biodiversité d’environ 65 réserves forestières. Cette évaluation a été basée sur le recensement des espèces végétales ligneuses (arbres, arbustes et lianes), des primates, des micromammifères, des oiseaux, des papillons diurnes et de certaines familles de papillons nocturnes (Sphingidés et Saturnidés). Elle a montré que les papillons permettent une classification des forêts aussi fine que les plantes ligneuses, mais que leur utilisation est beaucoup plus facile et surtout plus économique. Les oiseaux donnent des résultats similaires mais sont beaucoup plus difficiles à utiliser (difficulté de détermination sur le terrain), tandis que les mammifères n’autorisent pas de différenciation très fine (Balmford, com. pers).

D’autre part, la distribution des papillons ne suit pas les mêmes schémas que celles des mammifères, des oiseaux, des plantes ou d’autres groupes d’animaux. A l’intérieur des papillons, différentes familles et différents groupes écologiques ont d’ailleurs des schémas différents de distribution, du fait qu’ils ne répondent pas de la même manière aux contraintes du milieu. La distribution des plantes nourricières, la physionomie du milieu et la pluviométrie semblent être des facteurs importants (Ackery et al., 1995).