Mammifères

Les espèces présentes dans les pays d’Afrique Centrale sont regroupées par famille et renvoient à la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature™ (UICN), (en anglais IUCN Red List). Cette liste, créée en 1963, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Les espèces y sont qualifiées par leur niveau de vulnérabilité.

Menaces

Menaces directes

La chasse pour la viande

Dans pratiquement tous les pays concernés, les mammifères de grande et moyenne taille subissent une pression cynégétique pour leur viande. Cette pression varie beaucoup d’un pays à l’autre en fonction des milieux, des conditions socio-économiques et de certains aspects culturels. Dans la plupart des pays, cette chasse s’est transformée au cours des derniers 50 ans en une activité hautement commerciale qui approvisionne les villages et les villes, même à grande distance des milieux naturels. Ce commerce a été facilité par l’avènement de véhicules 4x4, l’ouverture des massifs forestiers et la prolifération d’armes à feu. L’impact de cette chasse est toutefois fonction de son intensité et de la nature des milieux. Dans les milieux très ouverts, comme on en trouve surtout au Tchad, au Cameroun, en RCA, ou aussi sur les plateaux du sud-est du Gabon, du Congo et du sud de la RDC, elle a des conséquences désastreuses et aboutit à l’élimination complète de la « grande » faune. Dans les milieux forestiers, l’élimination totale de la faune est plus difficile et prend plus de temps.

La chasse pour l’ivoire ou la corne

La principale victime est l’éléphant, mais dans une certaine mesure l’hippopotame aussi a subi de lourdes pertes à cause du commerce de l’ivoire. Quant aux deux rhinocéros, ils ont à peu près partout été éliminé pour leur cornes.

La transformation des milieux

A l’exception de quelques espèces, comme notamment les écureuils (Sciuridae), la plupart des espèces de petits mammifères ne sont pas ou pas encore affectées par la chasse, mais certaines espèces à distribution très restreinte sont affectées par la disparition de leur milieu. C’est surtout le cas des espèces qui vivent dans les forêts montagnardes, particulièrement menacées, notamment des musaraignes (Soricidae) et des rongeurs (Rodentia).

L’éradication volontaire

Dans les régions où les populations humaines pratiquent l’élevage, les grands carnivores (lions, panthères, hyènes, lycaons) entrent en conflit avec les éleveurs et sont souvent systématiquement éliminés par abattage ou empoisonnement. Ce fut notamment le cas au Gabon dans les années 1980 (Vande weghe, 2008) et au Rwanda à la fin des années 1990 (Vande weghe, obs. pers.). Dans certaines régions où l’élevage est peu développé ou inexistant, les grands carnivores peuvent cependant entrer en conflit avec les populations suite à la disparition ou raréfaction de leur proies, ce qui engendre également des représailles.

Les maladies

  • Le virus de type Ebola est dangereux pour les primates dont il a fortement réduit certaines populations.
  • Le Lycaon est très sensible à des viroses canines.
  • Les Suidae et Hippopotamidae sont sensibles à la peste porcine.

L’introduction d’espèces prédatrices

L’introduction de rats, de souris, de chats et de chiens, parfois même de certains Viverridae, constitue un problème grave qui affecte principalement les îles océaniques.

Menaces indirectes

Toute une série de facteurs amplifient les menaces directes :

  • Les troubles et la guerre ;
  • La pression démographique et la demande de nouvelles terres, surtout sensibles dans les régions d’altitude du Cameroun occidental et du rift Albertin ;
  • La situation économique en régression dans certains pays de la région ;
  • La mauvaise gouvernance et la non application des lois sur la chasse et le commerce de gibier ;
  • La demande illicite pour l’ivoire ;
  • L’augmentation générale de la demande en ressources naturelles au niveau mondial ;
  • L’insuffisance grave des moyens attribués à la conservation.

Mesures de conservation

La conservation des mammifères en Afrique centrale s’est principalement axée sur deux stratégies.

Les parcs nationaux

A l’exception de São Tomé et Principe, tous les pays d’Afrique centrale possèdent des parcs nationaux et/ou des réserves de faune qui constituent le principal axe stratégique de la conservation des mammifères et de la conservation en général. Ces aires protégées ont souvent été créées pour des espèces particulières ou des ensembles d’espèces et presque toutes soufrent de problèmes chroniques (voir rubrique ad hoc). Pour la plupart d’entre elles, les listes faunistiques sont limitées aux grandes espèces de mammifères et il est donc impossible dans l’état actuel des connaissances d’évaluer dans quelle mesure le réseau de ces aires protégées couvre adéquatement l’ensemble de la diversité mammalienne. Il est évident par exemple, que les espèces endémiques du Cameroun occidental ne bénéficient d’aucune mesure de protection puisqu’il n’existe aucune aire protégée formellement établie dans cette région.

Les lois protégeant des espèces

Plusieurs pays de la sous-région ont promulgué des lois protégeant totalement ou partiellement certaines espèces, généralement emblématiques ou charismatiques. A de rares exceptions près, ces lois sont toutefois méconnues et non appliquées. Pour beaucoup de citoyens, elles ne sont qu’un héritage du passé colonial, mais de toute manière les méthodes de chasse utilisées (surtout le piégeage) ne permettent pas une chasse sélective.