Affiner l’identification des acteurs et des actions en cours dans la RFOROA et sa zone limitrophe : D’un point de vue économique, la RFOROA est une zone clé dans le secteur de l’élevage au Tchad. Les prairies naturels de la réserve fournissent des pâturages saisonniers au cheptel domestique de milliers de pasteurs nomades et semi-sédentaires, mais aussi pour un nombre croissant de propriétaires de troupeaux (commerçants, militaires, hommes d’affaires) qui vivent hors de la réserve dans les grandes villes. En matière de développement pastoral, les nombreuses initiatives d'appui à l'élevage essentiellement axées sur l'apport d'eau dans des zones de pâturage sans eau de surface permanente et avec une nappe phréatique difficilement accessible, ont eu un impact conséquent au niveau du cheptel et des pâturages de la réserve. Il convient de rappeler qu'en dehors de la saison des pluies relativement brève - juin à septembre - la réserve est très largement sans eau de surface pendant la majeure partie de l'année. Les précipitations annuelles moyennes sont de l'ordre de 180 mm mais avec un énorme écart inter annuel.

Créer des Conseils Consultatifs Régionaux de la RFOROA : Une gestion efficace et durable de la biodiversité de la RFOROA ne peut se concrétiser que par une amélioration dans l’aménagement, la gestion et la gouvernance de la réserve. Etant donné la taille de la réserve et sa complexité socioculturelle et administrative (4 régions et 10 départements actuellement), l’approche envisagée est de se focaliser sur une ou deux régions, en l’occurrence Wadi Fira et Batha, qui sont déjà impliquées dans le Projet Oryx et donc en partie sensibilisées sur les enjeux liés à la gestion de la réserve et à la conservation de la biodiversité, pour créer et tester un modèle pour les autres régions. Cette approche pragmatique et progressive nous permettra aussi d’engager tous les acteurs essentiels dans une zone bien définie, y compris les autorités coutumières et la chefferie traditionnelle, dont le rôle et l’influence sur la prise de décisions sont très importants.

Participer à la conservation de la connectivité écologique entre les Aires Protégées aux niveaux paysage et régional. La connectivité écologique entre la RFOROA et l’Ennedi (aussi appelé « Complexe OROA-Ennedi ») est un élément essentiel dont il faudra tenir compte pour atteindre l’objectif global de l’Action. Par ailleurs, il est également important de souligner la connectivité avec la zone couverte par le projet PAGAPS (Projet d’Appui à la Gestion durable d’Aires Protégées Sahélo-sahariennes au Niger et au Tchad2) en l’occurrence la région du Manga-Eguey au Tchad et la Réserve Naturelle Nationale de Termit et Tin-Toumma (RNNTT) au Niger. Cette connectivité s’illustre à travers la mobilité de certaines espèces, telles que les outardes Arabe et nubienne, mais aussi l’addax, dont les déplacements peuvent s’opérer d’un pays à l’autre

Promouvoir la réalisation d’études d'impact environnemental : Au cours des différentes réunions des cadres de concertation locaux existants (« Plateforme pastorale », CRA,CDA, etc.), des Conseils Consultatifs Régionaux créés pour la gestion de la RFOROA mais aussi au cours des réunions avec les différents projets pastoraux et hydrauliques œuvrant dans la RFOROA et sa zone limitrophe, l’équipe projet s’évertuera à sensibiliser tous ces acteurs sur les limites, la zonation et la vocation de la RFOROA et de sa biodiversité (cf. aussi A1.5 et A2.3) ainsi que sur l’importance de mener des Etudes d’Impact Environnemental (EIE) pour toute initiative de développement susceptible d’avoir un impact déterminant sur les écosystèmes de la RFOROA.

Promouvoir la Réserve de Faune de Ouadi Rimé – Ouadi Achim. Aujourd’hui, la Réserve de Ouadi Rimé – Ouadi Achim, ainsi que ses limites géographiques, sont relativement méconnues au sein des populations locales, mais également au niveau de l’administration déconcentrée et des divers acteurs de développement présents dans la zone. Tout au long de l’Action, un travail d’information, de communication, de vulgarisation, de sensibilisation et de promotion des valeurs patrimoniales de cette réserve mais aussi des objectifs de sa création, de ses limites géographiques ainsi que de son statut et des droits et obligations y afférents sera réalisé.

Créer une Unité de Cogestion de la RFOROA: Pour renforcer la gestion de la réserve et améliorer la collaboration et l’intégration de tous les acteurs impliqués par la conservation de sa biodiversité, une Unité de Cogestion (UC) de la Réserve de Ouadi Rimé – Ouadi Achim sera créée. Cette UC sera composée des agents des Secteurs Faune Nord et Sud de la DCFAP, de l’équipe Projet POROA (présente Action) ainsi que des autres projets/acteurs oeuvrant pour la conservation de la RFOROA (Projet Oryx, PAGAPS, African Parks Network, etc.).

Mettre en place un système de suivi écologique: La préservation de la biodiversité dans la RFOROA, surtout au regard de la situation dans la bande sahélosaharienne, est aujourd’hui une priorité absolue. En effet, la faune de la zone sahélo-saharienne est parmi la plus menacée de la planète. La sécheresse, la désertification, la perte d'habitat et surtout la surexploitation par la chasse ont conduit de nombreuses espèces au bord de l'extinction. L'addax, la gazelle dama et le guépard sont, à l’heure actuelle, considérés comme éteints dans plus de 95% de leurs anciennes aires de distribution. L'oryx algazelle a, quant à elle, complètement disparue à l’état sauvage dans les années 1980. Par ailleurs, les populations d’espèces sahélo-sahariennes, comme le mouflon à manchettes, la gazelle dorcas, la gazelle leptocère, la gazelle de Cuvier, l’hyène rayée, l'autruche d’Afrique du Nord, l'outarde nubienne et la grande outarde arabe sont gravement menacées sur la majeure partie de leur aire de réparti

Elaborer et exécuter un plan d’aménagement et de gestion de la RFOROA: Il est essentiel de posséder un document de référence pour guider les orientations stratégiques à mettre en place dans le cadre de la cogestion des ressources naturelles de la RFOROA. Ainsi, une des tâches importantes de l’Unité de Cogestion au cours de cette Action, sera l’élaboration, en étroite collaboration avec la « Cellule Suivi & Informations », d’un Plan d’Aménagement et de Gestion (PAG) de la RFOROA. Ce PAG se basera, bien évidemment, sur les études réalisées (cartographie détaillée de la réserve, etc.) et l’analyse/interprétation des nombreuses données récoltées lors du suivi écologique (cf. A2.2). En effet, les besoins en aménagement seront identifiés, ainsi que les menaces et contraintes analysées. La possibilité de créer des zones de « conservation prioritaire » pour mieux assurer la protection, la réhabilitation ou la reconstitution de certaines espèces de la faune et de la flore seront étudiées

Contribuer à la réintroduction d’espèces emblématiques: Malgré le constat de déclin généralisé, la RFOROA possède un potentiel unique en termes d’habitat et constitue de ce fait un site privilégié pour la réintroduction d’espèces éteintes à l’état sauvage ou dans la RFOROA, telles que les oryx, les addax et les autruches, ou en voie d’extinction, telles que la gazelle dama. Avec l’arrivée des premiers oryx en 2016, le projet mis en oeuvre par SCF, EAD et DCFAP a joué un rôle crucial dans le regain d’intérêt porté à la RFOROA par les structures étatiques nationales et la communauté internationale, et a mis en avant son potentiel évident pour la restauration de toute une communauté viable d’espèces sahélosahariennes.

Créer un système efficace d’Application de la Loi : L’application de la loi regroupe la sensibilisation, le renseignement, la lutte anti-braconnage (LAB) et le suivi judiciaire. Ces activités seront principalement mises en oeuvre par la « Cellule Sensibilisation & Education » et les agents communautaires (sensibilisation et renseignements) mais aussi, et surtout, par les agents des Secteurs Faune de la DCFAP affectés à la réserve (LAB et suivi judiciaire). C’est pourquoi, la sélection, la formation et l’évaluation des agents en charge de faire respecter les lois au sein de la réserve sera une activité essentielle pour l’atteinte des objectifs de l’Action

Lutter contre les feux de brousse: Les feux de brousse constituent une menace récurrente et malheureusement peu ou mal traitée jusqu’à présent par les administrations et services compétents locaux. Ces feux sont responsables de la perte de surfaces considérables de pâturages, tant pour la faune sauvage que pour le bétail. Ils détruisent les plantes pérennes, la micro-faune et les nids d’oiseaux qui nichent au sol - tels que les outardes, par exemple - et appauvrissent ainsi la biodiversité végétale de la RFOROA. L’origine des départs de feu est presqu'exclusivement due à l’inconscience (mégots de cigarettes, foyers non éteints convenablement, etc.) des « fraudeurs », ces chercheurs d’or/marchands qui reviennent du nord (Lybie, Soudan,…) avec leur butin et traversent, en voiture, la réserve du nord au sud pour éviter les contrôles routier

Créer des infrastructures de gestion appropriées : Les bureaux de la présente Action seront situés à Arada. Des bâtiments seront loués à cet effet et, éventuellement réhabilités, agrandis, aménagés. De plus, quelques travaux d’aménagement seront réalisés au sein des bureaux de SCF basé à N’Djamena, où l’administrateur du projet sera basé. De même, les locaux abritant actuellement les agents des Secteurs Faune Nord et Sud n’étant pas fonctionnels, ceux d’Arada seront restauré dès le démarrage de l’Action pour le Secteur Faune Nord. Un autre bâtiment sera amélioré au cours de l’Action pour le Secteur Faune Sud, soit à Djeddah, soit à Wadi Djedid. Ces 2 brigades DCFAP seront équipées en matériel informatique, meubles, groupe électrogène, etc.

Intégrer les représentants des populations dans les structures de pilotage de l’Action: Cette activité est un élément clé dans la réussite de l’Action puisqu’elle garantira la bonne exécution de l’Action et favorisera la pérennité des acquis. Il faudra donc créer et animer un comité de pilotage en identifiant les membres qui seront représentatifs des communautés locales. Ces représentants, siégeant aux réunions du comité de pilotage de l’Action, seront donc sélectionnés au sein des Conseils Consultatifs Régionaux (CCR). Par ailleurs, le recrutement d’agents communautaires permettra également d’intégrer des représentants de la populations à la gestion de l’Action, ainsi que d’établir des liens productifs avec la population locale tout en servant de canal d’informations

Etudier la faisabilité de valorisation intégrative et participative des ressources naturelles : Comme déjà énoncé ci-avant, la RFOROA est une réserve à vocation pastorale. La gestion et le maintien des ressources pastorales de la réserve sont d'une importance cruciale pour la survie et la prospérité de nombreuses personnes.

Effectuer des missions de santé de proximité : Dans le cadre du Projet Oryx, les échanges avec les populations locales pastorales et leurs représentants ont fait ressortir la difficulté que rencontrent ces populations quant à l’accès aux soins de santé, secteur largement déficitaire en moyens humains et logistiques dans cette région. C’est pourquoi, des partenaires dans le secteur de la santé aussi bien au niveau des ONG et des programmes déjà en place (programme de lutte contre le paludisme, par exemple) qu’au niveau des services déconcentrés du Ministère de la Santé seront identifiés

Participer à la réflexion sur le métier et formation de garde: Tout au long de l’Action, l’Unité de Cogestion contribuera à la caractérisation du métier de garde, avec la spécificité de gardes dans une réserve en zone sahélo-saharienne, en collaboration avec le Complexe Educatif Docteur Alphonse Mackanga Missandzou (CEDAMM) au Gabon

Former les cadres supérieurs: Il est primordial d’harmoniser les compétences des cadres supérieurs en charge des aires protégées au niveau régional et en particulier au sein de l’espace couvert par ECOFAC 6. Aussi, afin de renforcer la formation des cadres supérieurs de l’Action, le programme ECOFAC VI leur attribuera des bourses de formation. Ces formations se dérouleront à l'Ecole de Faune de Garoua (EFG), au Cameroun, à l'Ecole Régionale postuniversitaire d’Aménagement Intégré des Forêts et territoires Tropicaux (ERAIFT), à Kinshasa ou au Complexe Educatif Docteur Alphonse Mackanga Missandzou (CEDAMM), au Gabon. Certains cadres participeront éventuellement aussi aux formations cartographiques organisées par l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC)

Contribuer aux activités transversales du programme régional ECOFAC VI : Tout au long de cette Action, les membres de l’Unité de Cogestion participeront aux activités transversales du programme régional ECOFAC VI. Celles-ci concernent l'échange et la capitalisation des expériences (« success stories techniques ») et connaissances de tous les acteurs du programme ainsi que la vulgarisation des résultats atteints auprès du grand public, des décideurs politiques, des techniciens et scientifiques. En effet, cette Action participera à la visibilité du programme ECOFAC VI en fournissant des éléments de communication (études de cas, articles, documents de capitalisation) destinés aux professionnels du secteur (réunions du PFBC, du Comité Patrimoine Mondial, etc.) mais aussi au grand public d’Afrique Centrale. Elle alimentera les supports de visibilité du programme ainsi que le centre de documentation sur la faune sauvage d'Afrique centrale et les Aires Protégées créé au niveau régional.