Oiseaux

Les espèces présentes dans les pays d’Afrique Centrale sont regroupées par famille et renvoient à la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature™ (UICN), (en anglais IUCN Red List). Cette liste, créée en 1963, constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Les espèces y sont qualifiées par leur niveau de vulnérabilité.

Biogéographie

Contrairement à beaucoup d’autres organismes, les oiseaux sont pour la plupart capables de voler (à l’exception des autruches) et ne sont donc pas arrêtés par les obstacles qui limitent par exemple la dispersion des mammifères, des amphibiens et des reptiles. Les oiseaux possèdent donc un pouvoir de dispersion très grand et leur schémas de distribution biogéographique sont beaucoup plus flous que ceux des mammifères. La distribution des oiseaux est en fait essentiellement liée à celle de leurs habitats.

Comme pour les mammifères, il existe en Afrique une profonde dichotomie entre les espèces forestières et les espèces non forestières. Autrement dit, très peu d’espèces (<5%) vivent indifféremment en forêt ou en dehors de la forêt.

Les espèces de savane

Les espèces de savane ont pratiquement toutes une vaste distribution et certaines espèces existent dans toutes les savanes, tant au nord qu’au sud de l’équateur. Globalement on peut toutefois distinguer cinq zones biogéographiques principales caractérisées par une avifaune propre, mais rarement délimitées de manière très nette :

  • Les région arides et semi-arides du nord du Tchad ;
  • Les savanes soudaniennes allant du nord-est de la RDC au Cameroun et au Tchad ;
  • Les savanes d’Afrique orientale, représentées uniquement autour du lac Edouard en RDC, ainsi que dans l’est du Rwanda et le nord-est du Burundi ;
  • Les savanes zambésiennes représentées au sud-est du Burundi et dans tout le sud de la RDC ;
  • Les savanes gabono-congolaises, représentées au Gabon, en République du Congo et en RDC ayant des affinités avec les savanes d’Angola.

A l’intérieur des savanes soudaniennes, les espèces se distribuent surtout en fonction du degré de xéricité du climat et il est évident qu’il existe un gradient nord-sud très progressif allant des abords de la forêt humide aux déserts du nord du Tchad.

Les espèces forestières

En ce qui concerne les espèces forestières, celles-ci comprennent deux ensembles (Dowsett-Lemaire & Dowsett, 2001) :

  • 221 espèces sont typiques des forêts guinéo-congolaises d’Afrique centrale. La plupart ont une très vaste distribution et on les trouve du Nigeria à l’Ouganda, mais certaines espèces ont une distribution plus limitée. Leurs limites de distribution coïncident soit avec la Sanaga soit avec la ligne de partage Ogooué-Congo soit encore avec la zone des forêts marécageuses du système Sangha-Oubangui-Congo. La Basse-Guinée, principalement la zone allant des environs du Mont Cameroun au Gabon, constitue ainsi une zone de plus grande richesse et un centre d’endémisme.
  • 110 espèces sont liées aux forêts afromontagnardes. A peu près la moitié possède une vaste distribution et quelques-unes ont même des populations reliques entre les hauts reliefs du Cameroun-Bioko à l’ouest et ceux du rift Albertin à l’est, mais 22 sont endémiques de la zone Cameroun-Bioko et 30 du rift Albertin.

Globalement, l’Afrique centrale possède donc deux zones de grande richesse et d’endémisme :

  • A l’ouest, la Basse Guinée cumule des endémiques de basse altitude et des endémiques de haute altitude.
  • A l’est, la région du rift Albertin se distingue par ses endémique de moyenne et de haute altitude.

Les espèces insulaires

Les îles océanique du golfe de Guinée, Annobon, São Tome et Principe, ont une avifaune pauvre, mais possèdent proportionnellement beaucoup d’espèces endémiques. Elles constituent ainsi un troisième centre d'endémisme, dont le taux d’endémisme est du même ordre de grandeur que celui des Galápagos lorsqu’on le compare à la taille de ces îles (Pinheiro de Melo, 2006).

Endémisme

L’avifaune des 10 pays participant à l’observatoire de la COMIFAC compte 1402 espèces, réparties sur 103 familles et 28 ordres. Ceci représente 60% des espèces connues du continent africain et des îles qui lui sont associées.

Les 14 familles endémiques à l’Afrique (Tableau 1) sont représentées par 140 espèces des 179 qu’elles comptent sur le continent. Parmi celles-ci, 83 (59 %) sont des espèces non forestières, 51 (36 %) des espèces de forêt de basse altitude et 6 (4 %) des espèces de forêt montagnarde. Les quatre familles les plus importantes (Musophagidae, Lybiidae, Malaconotidae et Platysteiridae) sont toutes représentées par de nombreuses espèces non forestières et le Viduidae sont même exclusivement non forestiers. Ces chiffres montrent toute l’importance des milieux non forestiers, souvent méprisés, non seulement sur le plan purement faunistique, mais aussi sur le plan de la spéciation. Cette constatation correspond avec le fait que les savanes, de par leur étendue, ont joué un rôle très important, voire prépondérant, sur le continent africain depuis au moins le Miocène et probablement même depuis plus longtemps (Maley, 1996).

FamillesNombre totalNombre en Afrique centraleEspèces de forêt de basse altitudeEspèces de forêt de montagneEspèces des milieux non forestier
Numididae643__
Musophagidae2315717
Balaenicipitidae11__7
Scopidae11__1
Sarothruridae951_4
Coliidae64__4
Lybiidae42278118
Malacononotidae433114215
Platysteiridae33219111
Viduidae1913__13
Buphagidae22__2
Hyliotidae442_2
Nicatoridae222__
Macrosphenidae1710514
Total17914051683

Tableau 1 : Les 14 familles d’oiseaux endémiques à la région afrotropicale : nombres d’espèces et répartition par principaux milieux.